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Les 18-24 ans se sont massivement mobilisés lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. C’est l’électorat qui a connu la plus forte progression de participation par rapport à 2022 (de 31 % à 57 %, soit une progression de 26 points). Cette forte mobilisation s’inscrit dans un contexte particulier, où les jeunes sont tantôt diabolisés, accusés de faire sécession et de céder à l’appel de la violence, tantôt convoités par des partis qui mesurent leur potentiel électoral.
Comment cette population plurielle s’insère-t-elle dans le tableau d’une France traversée par de profondes divisions ? Les résultats de la dernière édition de l’enquête « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne, nous permettent de dessiner les contours mouvants d’une génération préoccupée par les mêmes sujets que ses aînées, plus confiante envers les institutions politiques, mais également plus seule et plus exposée à la violence. Une jeunesse souvent oubliée par nos politiques, phénomène d’autant plus paradoxal qu’elle pourrait incarner leur salut.
Comme pour la moyenne des Français, la préoccupation majeure des 18-24 ans reste le pouvoir d’achat : 37 % le retiennent comme l’un des enjeux qui les préoccupent le plus à titre personnel, devant la protection de l’environnement (29 %), le niveau de la délinquance (21 %) et de l’immigration (15 %). Pour les étudiants, ce taux s’élève à 45 %.
Ajoutons à cela que les 18-24 ans sont ceux qui se sentent les plus seuls – cela concerne 46 % d’entre eux, contre 39 % en moyenne – et les plus exposés à la violence : à la question « dans les dernières années, vous avez personnellement, ou quelqu’un de votre entourage, été victime d’une agression ou d’une tentative d’agression », 44 % répondent oui, contre 27 % dans la population générale.
Il apparaît ainsi paradoxal que près de 59 % des Français partagent l’opinion selon laquelle « les jeunes sont aujourd’hui trop favorisés par rapport aux générations précédentes ». Il y a vingt ans, le taux de pauvreté des 18-29 ans était de 14,7 % contre 16,2 % en 2022. De même, la jeune génération est aujourd’hui confrontée à des difficultés conjoncturelles dont ont été préservés leurs aînés : une accession au logement et à la propriété difficile – le pouvoir d’achat immobilier est près de 50 % plus faible qu’entre 1975 et 2005 – ou encore un ascenseur social grippé.
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